Publié dans Editorial

Il y a cinquante ans !

Publié le jeudi, 12 mai 2022

13 mai 1972 - 13 mai 2022, il y a cinquante ans ce jour, les contestations populaires balayèrent le régime PSD de feu Philibert Tsiranana.
Tout commençait par une grève anodine des étudiants de l’Ecole de médecine de Befelatànana en début d’année, vers février-mars. Personne ne se doutait guère, surtout les tenants du pouvoir, que cette « petite et modeste » grève à l’intérieur du domaine de l’Ecole à Befelatànana allait basculer jusqu’à la chute finale le tout puissant pouvoir PSD trois mois après.
Soutenus par leurs aînés du SEDODIA en substance, Syndicat des médecins diplômés d’Antananarivo, les médecins de l’A.M. (Assistance médicale), d’obédience AKFM, les étudiants de Befela réclamaient « l’alignement » de la formation médicale de Befelatànana au même titre que celle dispensée à Ankatso. Et par la suite, abolir le système humiliant de deux niveaux de médecin à savoir le « médecin de l’AM » sortant de Befela, hérité du système colonial, et le « médecin diplômé d’Etat », de l’université de Madagasikara ou des universités françaises ou d’autres. Une revendication que le pouvoir en place qualifiait d’inacceptable. Au départ, le mouvement n’avait aucune connotation politique bien que le régime PSD l’accuse d’être infiltré par des éléments des partis d’opposition (AKFM, MONIMA ou autres).
L’opinion publique manifestait une certaine indifférence au début à l’égard de la grève. Le monde scolaire et estudiantin, trop obnubilés par leurs soucis quotidiens, ne croyaient pas nécessaires d’accorder le moindre intérêt. Mais quand le mouvement se radicalise dans la mesure où les étudiants grévistes de Befela n’ont jamais voulu en démordre et que la répression des autorités se durcit, les élèves des lycées et les étudiants ont bien voulu apporter leur soutien. Et on commence à remettre en cause le système de l’éducation à Madagasikara en pointant du doigt l’emprise du système néocolonial. Et par l’effet de domino, on dénonce l’hégémonie de l’ancienne puissance coloniale. Et la grève des étudiants de l’Ecole de médecine de Befelatànana se généralise pour en devenir une contestation populaire contre les barons du régime PSD, taxés d’être de simples marionnettes de l’Elysée, de la « France Afrique ». Les leaders du mouvement n’avaient qu’un seul refrain « la chute du pouvoir PSD ».
Impliqué entièrement dans le mouvement, votre modeste serviteur fut très actif à la lutte. Etant étudiant à l’université, à l’époque des faits, j’étais personnellementengagé avec un certain « Oh lala » dans la direction du mouvement. Au moment où le comité de grève et les délégués réunis à l’amphi des Sciences ont été raflés par les éléments de la FRS et déportés à Nosy Lava, nous avions dû prendre le relais. Et quand les FRS ont tiré sur le tasà balles réellescontre les grévistes, les mains vides, devant l’Hôtel de ville sur l’Avenue de l’Indépendance, baptisée « Place du Treize Mai », ce fut le point de non retour du mouvement qui précipita la chute du régime.
Cinquante ans après, quoiqu’on dise, les contestations de mai 72 illustrent la contradiction entre deux systèmes : le système colonial et néocolonial qui veut par tous les moyens pérenniser leur pouvoir et soutirer le maximum de profits, et les aspirations de la jeunesse des pays nouvellement indépendants qui dénoncent toute mainmise étrangère.
Ndrianaivo

Fil infos

  • Au lendemain de mai 1972 - Madagascar au rendez-vous des actes manqués
  • Antananarivo - Un concours de propreté pour les 192 Fokontany
  • Maminiaina Ravatomanga - « Nous répondons à nos détracteurs par nos valeurs »
  • Maison de force de Tsiafahy - Le meurtrier de Nanah déclaré évadé
  • Lac Iarivo et Village Artisanal - Deux projets phares pour transformer Ivato et Antananarivo
  • ACTU-BREVES
  • Actu-brèves
  • Vol de bovidés - Durcissement des peines en vue
  • Collecte de riz 2024 - L’Alaotra-Mangoro se prépare
  • Assemblée nationale - Pas de face-à-face ministres-députés avant juin

La Une

Pub droite 1

Editorial

  • Date maudite !
    Treize mai, date à effacer ! Ce samedi, jour pas comme tous les autres samedis, 13 mai 1972, date où les mouvements de grève des étudiants grossis par tous les élèves de la Capitale, prenaient une allure radicale, point de non retour, sur l’Avenue de l’Indépendance, devant l’Hôtel de Ville, baptisée désormais Place du Treize mai. Il y a cinquante-trois ans en ce jour du 13 mai 2025, les Forces républicaines de sécurité (FRS) chargeaient à balles réelles les manifestants à Analakely devant l’ancien Hôtel de Ville. Le sang a coulé ! Il y a eu des morts et des morts ! Les choses allaient se précipiter. Pris de panique sinon aux abois, feu Président de la République Philibert Tsiranana enchaînait des décisions qui aboutirent, au final, à la chute du régime PSD. Le Général de Division Gabriel Ramanantsoa, Chef d’ Etat-major de l’Armée prit les rênes du pouvoir suite…

A bout portant

AutoDiff